Séjour en Lozère fin juin

Je suis de retour en Limousin après une petite semaine passée en Lozère la dernière semaine de juin.

Ce département est sans conteste une des plus belles destinations PALM au sein de l’hexagone, et ce n’est pas le paiement des 17€ correspondant à la cotisation Lozère permettant aux pêcheurs extérieurs de pratiquer  au sein du département pendant sept jours consécutifs (pas de réciprocité avec le club halieutique et l’ EHGO) qui va nous dissuader d’y pêcher, surtout quand on est passionné et que l’on est un amoureux de la nature… Il faut dire que la Lozère réunit tout ce qu’un pêcheur à la mouche peut rechercher, des rivières saines très variées (il y en a pour tous les goûts: sèche à vue,  pêche rapide de postes en sèche, pêche de bordures en sèche, nymphe casquée  fil tendu en rivière rapide, nymphe lègère…)  s’écoulant dans un cadre nature préservé, au coeur de paysages tout autant diversifiés (Aubrac, Margéride, Cévennes et Causses…), avec une gestion patrimoniale exemplaire.

Cantonné au camping de Langogne à la limite de l’Ardèche au bord même de l’Allier (la rivière passant à une dizaine de mètres de ma tente), je n’ai malheureusement pas pu exploiter toutes les possibilités du département en raison de ma situation géographique m’éloignant considérablement du Bès,  de la Truyère, du Tarn et des Gardons cévenols, ayant été obligé au dernier moment de changer mon point de chute. J’ai déjà fait plusieurs séjours en Lozère mais je n’ai toujours pas eu l’opportunité de pêcher les rivières du sud-est (Tarn et Gardons principalement).

Bref celà ne m’a pas empêché de pratiquer mon loisir favori et de me régaler comme jamais auparavant… Sept jours de pêche consécutifs (en moyenne 6 heures par jour) avec des hauts et des bas en fonction du lieu de pêche et des conditions du moment, comme partout.

Tout d’abord je plante le décor; ma tente et face à moi au réveil au petit matin le haut Allier et les prairies ardéchoises (l’Allier faisant office de frontière départementale). Comment rêver mieux…

 

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A ce niveau l’Allier est très limpide et très riche en invertébrés aquatiques de toute sorte, avec une bonne densité de poissons comme j’ai pu le vérifier lors de mes sorties de pêche.

 

Ayant eu des journées relativement chaudes et ensoleillées avec la plupart du temps un vent du nord soufflant à longueur de journée, la pêche en journée n’a pas été très prolifique, les poissons étant calés dans leur cache, les eaux claires ne facilitant pas la tâche… Quelques poissons en sèche le long des bordures rivulaires ombragées me permettaient de patienter jusqu’au coup du soir, avec de minuscules imitations d’éphémères et de diptères, la surface étant totalement vide de tout insecte…

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Le soir venu, il fallait véritablement patienter jusqu’ après 21h pour voir les premiers gobages, en particulier dans les courants, les lisses s’avérant plutôt exempt d’activité même tard dans la soirée, en tous cas sur les secteurs prospectés. Puis jusqu’à 22h/22h30 c’était l’euphorie totale, en pêchant les veines d’eau avec des  imitations de type parachutes (pour la vision dans l’obscurité) d’Ecdyonurus de couleur roux. Les imagos d’ecdyo se mêlant à ceux de mouche de mai, de Rhithrogena… Et aux  trichoptères divers, en particulier le genre Hydropsyche  qui émergeait en masse dès le début du crépuscule, laissant au petit matin des centaines d’exuvies collées aux galets ou accumulées le long des bordures à l’abri du courant (ce genre est également très présent en Limousin et notamment sur la Dordogne en cette saison). En voici un, engourdi au petit matin dans la végétation rivulaire:

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Plusieurs heures d’attente pour 45 à 60 minutes maxi de plaisir intense, celà en valait bien la peine (frontale obligatoire pour remonter à la voiture)!

Un exemple de spot au coup du soir, juste en-dessous du confluent avec l’Espezonnette, quelques km en amont de Langogne, des gorges assez dégagées alternant lisses et courants avec ses plages de sable et de galets et des zones plus profondes à géologie variée (schiste, granit et basalte) avec suffisamment de clarté pour les coups du soir, l’endroit laisse songeur…

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Pas de gros poisson record pris, la plupart des prises s’échelonnant entre 20 et 26 cm, seule une belle de 32cm à la nuit tombée…

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De beaux spots en amont de l’Espezonnette également, mais la rivière est un peu moins large. Un détail important, le haut Allier est vraiment propice aux coups du soir en raison de rives bien dégagées, en comparaison de nos rivières limousines à la ripisylve foisonnante…

Le nokill de Langogne s’est avéré moins interessant car en dépit de nombreuses truites, la présence de tacons (jusqu’à 25cm) vient quelque peu troubler la pêche. Je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité de toucher un seul ombre sur l’Allier, malgré leur présence en aval de Langogne…

Un coup du soir vers Le Nouveau Monde, un petit village qui en dit long sur le paysage environnant et sur le caractère sauvage des gorges de l’Allier à l’entrée dans le département de la Haute Loire, m’a permis d’apprécier la diversité et la richesse des eaux de l’Allier en invertébrés de toutes sortes, gage de la qualité des eaux… Je vous passe les détails, juste un petit cliché sur l’émergence imminente d’ Oligoneuriella rhenana (ici des nymphes matures sur le point d’émerger), ou manne blanche, le mois de juillet étant généralement la période la plus propice à cette espèce, mais je suis parti trop tôt de Lozère pour assister aux premiers vols…

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Une truite prise au coup du soir sur un lisse…

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L’Allier au pont du Nouveau Monde.

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J’ai par ailleurs pêché le Chapeauroux, une pêche de poste intéressante à l’aide parachutes (eaux sombres compliquant la visibilité de la mouche surtout dans les courants) en particulier dans sa partie basse proche du confluent avec l’Allier, un seul ombret touché, le seul de tout le séjour, dommage… Les eaux teintées couleur thé du Chapeauroux trahissent son origine et la traversée de multiples tourbières dans son cours amont et intermédiaire… Une rivière qui me rappelle beaucoup nos rivières du plateau de Millevaches…

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A cours de certains modèles de mouches il m’a fallu consacrer quelques heures un matin afin de ne pas manquer de mouches au bord de l’eau dans le feu de l’action, ce serait vraiment dommage… Petite séance improvisée sous la tente…

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Je ne pouvais pas quitter la Lozère sans faire une ou deux sorties sur le Lot juste à l’entrée de mende et sur ce fameux nokill urbain, l’ayant déjà pêché lors de séjours passés. Il est toujours à la hauteur de sa réputation avec là aussi quelques poissons de taille modeste certes, mais procurant énormément de plaisir à pêcher en nymphe légère (sur billes tungstene diam 2) montées sur des pointes fines dans les petits courants à l’ombre des bordures (partie amont du nokill)… La rivière ayant déjà atteint son débit d’étiage alors que l’été est à peine commencé… Plutôt mauvais signe!

 

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Juste en amont de Mende, le Lot au fond beaucoup plus propre (pas encore encombré de détritus divers comme dans la traversée de Mende, même si ce n’est qu’une pollution visuelle, sans grande incidence sur le milieu), la pêche semblait plus difficile. De grands lisses avec une bordure ombragée plongeante permettaient en pleine journée d’attaquer les poissons en sèche à vue sur de longues pointes fines avec de minuscules imitations, à condition de soigner l’approche et de limiter la propagation des ondes néfastes en surface…
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La plus belle prise du secteur à vue, à peine 30cm mais une robe de toute beauté et grasse à souhait comme toutes ses congénères…

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Stationné à la frontière de l’Ardèche et de la Haute-Loire, je me devais de faire un saut sur la Loire en aval d’Issarlès (ayant pêché les sources l’année précédente vers ST Eulalie). Je me suis donc dirigé vers Goudet, une petite commune de Haute-Loire avec son chateau pittoresque dans un cadre idyllique pour y tremper ma soie.

Un nokill est en place à l’entrée de la commune mais j’ai préféré descendre à pied plus en aval sur les recommandations de pêcheurs au toc sous prétexte que la rivière était plus ombragée. La pêche en sèche s’avérant infructueuse, j’ai donc remplacé ma mouche par une petite nymphe légère pour essayer de sauver le capot… De rares poissons m’ont sauvé la mise, de taille moindre mais à la robe typique à cette rivière, un plaisir pour les yeux… Il y a sûrement mieux à faire, je reviendrai dans les environs c’est certain…

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Le dernier jour venu, je me suis arrêté sur le chemin du retour sur la Colagne, un affluent du Lot, entre Chirac et Marvejols afin de pêcher le nokill… Là aussi, des niveaux très bas, et la chaleur couplée à l’excés de lumière en pleine journée m’ont plutôt compliqué la tâche. Une pêche sympa tout de même essentiellement en sèche à vue et en nymphe légère qui m’a rapporté quelques poissons tout au long de l’après-midi, discrétion dans l’approche indispensable .

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Loin d’être exhaustif, ce petit tour de quelques rivières  lozériennes et proche Lozère, m’a permis une fois de plus de me rendre compte de la richesse  et de la diversité de notre réseau hydrographique français, tant sur le plan halieutique (avec des robes de truites très contrastées suivant la rivière et de manière plus large le bassin versant, on le voit clairement sur les photos), que sur le plan entomologique (les trois ordres principaux d’insectes aquatiques, éphéméroptères, plécoptères et trichoptères sont largement représentés sur l’ensemble des rivières du département particulièrement en cette période, sur certaines plus que d’autres, avec quelques variations et prédominances de certaines familles  en fonction des caractéristiques du cours d’eau). Les tailles des poissons restent très moyennes, en dépit de la présence de beaux poissons, mais ce n’est pas forcément le but recherché…

En attendant ma prochaine semaine de vacances PALM fin aout, je ne sais pas encore où, je vais profiter de l’été pour taquiner les salmonidés de mon Limousin un peu partout en particulier lors des coups du soir, dans cette ambiance magique où la rivière s’éveille après les fortes chaleurs de la journée…

Vivement le weekend!!!

 

 

 

 

6 commentaires.

  1. Merci Blajoux pour ta proposition, je ne manquerai pas de contacter le CML lors de ma prochaine sortie, histoire de faire connaissance avec des moucheurs du coin, la Lozère est véritablement un de mes territoires de chasse favoris, dommage que ce soit si éloigné du Limousin, trop juste pour un weekend…
    Au plaisir de se rencontrer au bord de vos merveilleuses rivières…

  2. Bonjour Romaric.En faisant un peu de ménage sur notre forum,j’ai trouvé l’adresse de ton blog et c’est une belle découverte;une mention spéciale pour ce qui concerne l’entomologie.Tu montes de plus de très beaux modèles de mouches,que l’on sent « pêchant ».Tu as malheureusement choisi le pire été que la Lozère ait connu depuis longtemps,avec des conditions détestables.Malgré cela,les populations ne semblent pas avoir trop souffert de cet étiage exceptionnel.Je ne peux que t’encourager à prendre contact avec le CML si d’aventure tu souhaites rééditer ce type de séjour.Nous serons heureux de t’aider pour l’hébergement,et pour te guider et te faire découvrir sans galères nos coins(pour moi,c’est le Tarn dans les gorges,et les rivières limitrophes(Lot,haut-tarn,tarnon,mimente…)
    Encore félicitations pour ce blog!

  3. Super reportage sur une région que j’aime beaucoup.
    Quel matériel utilisez vous pour ce type de rivière ? Longueur de canne et n° de soie ?

    merci !

  4. Merci pour cette escapade et félicitations pour ton blog très intéressant.

    Bonne continuation et peut-être un soir sur la Dordogne corrézienne…

    Chris

  5. Salut Romaric,

    Belle sortie et belle région, moi aussi j’adore la lozère, il y a vraiment du choix et une diversité impressionnante.

    A+

    Laurent

  6. merci pour ce magnifique reportage. La lozere a vu mes premieres mouches et j’y ai fait mes premieres truites. Que de souvenirs. merci encore

    PS: l’altier peut aussi valoir le coup d’une petite visite.

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